Vers le 31eme siècle, Janis Robinse, scénariste reconnue, était partie découvrir un peuple nouveau pour son prochain livre, mais tout ne se passa pas comme elle l'aurait voulu.
Allant pour le mieux au moins jusqu'à maintenant, moi Janis Robinse, étais sur mon nouveau vaisseau équipé contre-choc, pouvant voler, nager et rouler sur air, mer et terre. Vraiment sur-équipé. Jusqu'une nuit, où l'on heurta quelque chose sous cette onde encombrant notre paysage. Malgré l'effort que je passai à le sauver, mon vaisseau éclata et retomba en plusieurs morceaux. Je fus propulsée dans les airs et par chance, j’atterris sur une île jusqu'à présent inconnue. En atterrissant, je me rendis compte que ce n'était pas gagné : l'île était immense, nul n'aurait pu voir son horizon caché sous le soleil rayonnant du matin. De gigantesques arbres ornaient la terre sèche de l'île. Cet univers si nouveau pour moi me semblait inquiétant mais allait si bien avec mon physique : moi, belle brune de vingt-cinq ans aux yeux violets en costume de vaisseau futuriste. J'étais plutôt fière de moi, enfin pour le moment !
Je décidai donc d'aller explorer ce lieu gorgé de mystères à découvrir, puis de chercher de quoi me nourrir et m'abriter malgré la panique qui m'envahit vite. Quand je fus dans cette humide forêt qui occupait l'île, je dus sortir mon couteau et couper cette folle végétation qui s'emmêlait devant moi. Et puis au bout d'un long moment, derrière quelques ronces, je trouvai une grotte creusée dans la terre juste à côté d'une magnifique cascade d'eau claire. Un manguier se trouvait à ses côtés, rempli de fruits mûrs prêts à se faire manger. C'était un vrai petit coin de paradis ! Je déchirai un bout de mon costume puis mis quelques mangues à l'intérieur afin de pouvoir manger celles-ci plus tard. Je pris aussi de l'eau pure que je mis dans une gourde accrochée à ma ceinture.
Puis, assez calme, je rentrai dans la grotte en ignorant ce qui m'attendait. A peine avais-je fait un pas qu'un tigre à dents de sabre de taille démesurée se jeta sur moi et me poussa par terre comme cinq-cent kilos qu'on m'envoyait. Je me débattis et j'arrivai à le lancer contre la paroi de la grotte afin de ne pas le tuer mais juste l'assommer. Prenant mes jambes à mon cou, je sortis en courant avec mes vivres.
A quelques centaines de mètres de là, je construisis mon abri avec des branchages et des feuilles qui se trouvaient à côté. Je mangeai mes fruits et bus mon eau puis je m'endormis sur mon lit de feuilles. Le lendemain, je partis à travers l'île pour trouver de quoi manger. Je traversai cette forêt et marchai sur la belle et fine rosée du matin qui mouillait légèrement mes pieds. Puis, sans faire attention, je marchai dans un filet de lianes qui m'emporta avec une puissance inouïe vers le haut. Avant que j'eus le temps de réfléchir, une silhouette masculine s'approcha.
« Qui es-tu ? m'empressai-je de lui demander.
- Vois-tu, jeune fille, me répondit-il, j'erre ici depuis vingt ans et j'en ai oublié le nom qui me correspond. Je vis ici, c'est ma terre, cette île est en quelque sorte ma mère. Elle me nourrit de ses habitants que je piège comme là où tu viens de marcher. Elle me désaltère aussi grâce à ses ruisseaux qui coulent tranquillement sur la surface de l'île. Elle m’héberge depuis vingt ans, depuis que je suis arrivé transporté par les flots quand j'avais cinq ans. Elle m'héberge depuis sans broncher une seule fois et m'a enseigné le bel art de la survie. Mais toi, qui es-tu ?
- Je me nomme Janis Robinse et je suis scénariste. Mon vaisseau a fait naufrage et je me retrouve ici. Tu es vraiment très impressionnant. »
Dans ma tête, une seule pensée m'effleura : ce garçon mystérieux était un héros. Il avait survécu ici pendant vingt ans et ne se plaignait même pas. Puis nous partîmes vers les pièges qu'il avait placés. Ils étaient multiples et grâce à eux, il récolta un serpent et un sanglier. Il les partagea avec moi et nous étions rassasiés lorsque soudain, tigres, lions, sangliers, serpents et bien d'autres animaux nous encerclèrent. Nous étions dans l'ignorance totale. Ceci était si impressionnant, que je vis ma vie défiler devant moi. La peur et la mort se battaient pour pouvoir prendre mon âme. Piégés dans nos sentiments, lentement nous prîmes une arme. Je sortis mon couteau de poche et mon ami prit son arc et des flèches qu'il avait soigneusement effleurées de poison de grenouille venimeuse. Une égratignure causée par cette flèche suffisait à vous tuer dans la minute suivante. Et en un seul court et rapide instant, cette flèche partit droit dans cette foule animalière. Cela provoqua un serpent qui se jeta sur mon mystérieux compagnon que je pris cœur à appeler Ben pour son immense courage qui coulait dans son sang. Le serpent finit par le lâcher mais Ben était tout pâle : une morsure était visible sur sa main droite. Les larmes me montèrent aux yeux. Je compris tout de suite qu'il allait mourir d'une seconde à l'autre. À ce moment, ce fût comme un temps mort autour de moi, je ne me souciais plus de la mort pouvant me prendre aussi à tout instant.
J'entendis Ben murmurer :
« Va voir sur la plage, à côté du grand rocher, tu y verras un radeau plein de vivres. Va, repars chez toi et vis ta vie comme tu peux. Tout ce que je te demande, c'est de te souvenir de moi, enfant de cette île, comme je me dois de l'être. Je ne t'oublierai jamais. ».
Ces paroles furent ses dernières. Je pleurais à chaudes larmes sur son corps déjà refroidi. À peine lui avais-je soufflé une promesse de répondre à ses désirs que je sautai sur une liane et traversai cette faune sauvage puis courus jusqu'au grand rocher et embarquai directement. Je dormis une nuit et fus réveillée par les forts mouvements de l'eau. C'était la tempête totale. Mes efforts ne suffisaient pas. J'avais tout essayé jusqu'au moment où une vague m'assomma et je tombai sur mon radeau. Le lendemain, je me retrouvai sur une plage, échouée et sans aucun navire en vue. Je vis tout de suite que cette terre était habitée. Et à ma plus grande surprise, cet endroit m'était familier.
« C'est mon île !!! », m'exclamai-je.
Je courus jusque chez moi et appelai mes parents. Pleine de joie, j'écrivis mon livre et un an plus tard, il fut publié. Ainsi mes mémoires étaient gravées à jamais !
Emma