Moi, Brian, Pauline et Thomas partîmes pour l'Inde. Lorsque nous fûmes arrivés à terre, nous fûmes exposés à un coucher de soleil sur l'océan Indien, beau et majestueux. Nous ne pûmes nous empêcher de tous penser à la même chose : explorer cette étendue d’eau orangée. Nous partîmes donc sur l'océan, avec une petite embarcation louée au port nommée « hors bord ».
Nous étions tranquillement en train de naviguer sur l'océan Indien, sur notre petit hors bord. Soudain, un bruit rauque se fit entendre, et l’embarcation s’arrêta, tomba en panne à des kilomètres du rivage. La nuit tombait, et les vagues se faisaient de plus en plus hautes. Nous n'avions rien sur nous, pas même une miette de pain.
-« Vingt-deux heures quarante-huit. » soupira Pauline en levant les yeux au ciel.
-« Je m'ennu... » commença Thomas. Il fut coupé par une vague haute d'une dizaine de mètres, prête à s'abattre sur nous. Paniqués, nous ne pûmes bouger d'un centimètre. La peur nous submergeait. La vague nous retomba dessus de plein fouet.
Mes habits trempés me gênaient. Thomas se noyait presque. Je le récupérai avant qu'il ne soit trop tard. Je me cognai la tête contre la roche et perdis connaissance.
Le lendemain, j’ouvris un œil, puis l'autre. Je m'étais échouée sur une plage déserte, grise et froide. Le tonnerre grondait et des éclairs zébraient le ciel. Une pluie cinglante commença à tomber.
Un éclair s'abattit sur un palmier non loin de là. Mes vêtements trempés et pleins de sable me pesaient, et je devais faire un effort considérable pour avancer d'un pas. Épuisée, je m'effondrais dans le sable mou. C'est alors que j'aperçus Thomas, échoué un peu plus loin sur la plage. J'étais trop loin pour voir si il respirait ou non.
J'eus alors une idée. Si j'arrivais jusqu'à l'océan, je pourrais me rincer et ainsi avoir de plus petites difficultés à marcher. Je rampais jusqu'à l'eau. Elle me rentra dans les narines et dans la bouche. Elle était salée et glacée comme jamais. Je réussis tout de même à me relever. Je marchai jusqu'à Thomas, puis le retournai tête vers le ciel.
« - Il respire ! » dis-je alors à voix haute. Mais j'étais seule sur la plage. Je dus traîner Thomas, plus loin du palmier brûlé, car la fumée qu'il respirait ne devait point arranger son état. Je l’emmenais vers l'orée de la forêt, lorsque j'aperçus un rocher, où l'on pourrait au moins s'abriter. Nous arrivâmes à ce rocher lorsque je découvris une entrée. J’y pénétrai et découvris une grotte bien isolée. Je voulus faire du feu mais des gouttes de pluie tombaient tout de même et je dus y renoncer.
Dans l'ombre, je crus voir des yeux brillants. Puis des personnes appelèrent mon nom.
-«...anne ...Léan... Léanne ! » Criaient-elles. Je m'approchai de l'endroit où j'avais vu les yeux. Je découvris alors que la grotte était souterraine. Prudemment, je glissai jusqu'en bas de la pente abrupte, puis je vis Brian et Pauline près d'un magnifique feu qui illuminait la « pièce ».
-«Qu'est ce qui s'est passé ? Vous allez bien ? » Demandais-je alors. Je n'eus qu'à regarder les têtes de Brian et Pauline pour comprendre que non.
-«Et bien... La nuit dernière, nous nous sommes échoués, un peu plus à l'Ouest. Nous avions repris des forces et avions décidé d'explorer l'île. Elle est habitée et nous avons été attaqués par des indigènes. Ils ont touché avec une fléchette pointue et empoisonnée la jambe de Pauline.» Au même moment, Pauline enleva un bandage fait à base de tissus, dégoulinant d'un liquide ressemblant à du pus et du sang mélangés, avant de dévoiler une blessure petite, mais profonde, entourée de violet puis de jaune. Je ne pus m'empêcher de reculer de dégoût, jusqu'à ce que je percute Thomas, enfin réveillé.
-«Qu... Qu'est ce que... » réussit-il à bégayer en regardant Pauline.
-«C'est rien, c'est pas grave. » dit-elle. Mais Thomas ne croyait pas en elle, car quelques instants après, elle se tordit de douleur.
-«Tiens, il ne pleut plus.» dit alors Brian.
En sortant de la grotte, l'île était bien plus impressionnante qu'avant. Des palmiers et des arbres exotiques et fruitiers débordaient de toute part sur l'île. Des fleurs de belles couleurs émanaient un parfum délicat. La baie au Sud de l'île était d'un bleu turquoise éblouissant. Un banc de corail se perdait dans les flots de cette mer calme, dont les vaguelettes caressaient l'horizon bleu. La chaleur paradisiaque nous donnait l'impression d'être en vacances. Ébahis par ce paysage, nous oubliâmes alors les malheurs qui nous attendaient.
-«Bon, il va falloir partir chercher des vivres, et...»commençai-je.
-«Nous devons trouver un remède pour la blessure de Pauline.» dit-il alors.
-«Oui, c'est vrai, dit alors Brian, mais comment ? On ne sait même pas qu'est-ce que c'est et où il se trouve.»
-«Cela signifie que... » commença Pauline.
- «Oui, il va falloir retourner chez les indigènes pour leur prendre de force le remède, dit alors Brian. Pauline ?»
-«Oui ?»
-«Est-ce que tu peux encore marcher ? »
-«Oui, même trottiner, mais pas courir.»
-«D'accord, alors j'ai un plan.» Brian prit plus d'une bonne heure pour nous l'expliquer. Le soir même, nous étions prêts, la peur au ventre comme un étau. Brian prit la tête du groupe, puis je le suivis, et Thomas et Pauline fermèrent la marche. La lune était belle ce soir là, et les étoiles étaient aussi nombreuses que les humains sur la planète, et aussi belles que des fleurs de lys.
-«Allons-y.» Dit alors Brian. Nous marchâmes pendant un long moment, puis nous aperçûmes des torches au loin.
-«Surtout, marchez doucement maintenant.» chuchota Brian.
Lorsque nous fûmes arrivés au camp des indigènes, nous ne pûmes presque plus faire de bruit, le simple craquement d'une branche pouvait causer notre perte. D'un bond habile et rapide, Brian arriva devant une tente en peau d'animal. Lorsqu'il l’entrouvrit, il aperçut une fiole contenant un liquide bleu. Lorsqu'il se retourna, un indigène l’assaillit. Brian, qui n’avait pour arme que ses poings, donna un coup à l'indigène, qui le reçut en pleine tête. Il poussa un cri de douleur, et se releva tout de même.
Soudain, un sifflement se fit entendre, puis, l'indigène s'effondra, mort. Brian ne comprenait pas, et lorsqu'il vit qu'une fléchette empoisonnée était fichée dans sa colonne vertébrale, il comprit alors que c'était lui, la cible. Cinq autres indigènes arrivèrent, l'air agressif. Certains étaient armés, d’autres non. Je ne pus rester là, à ne rien faire. Je pris alors un bâton solide pour assommer mon adversaire par derrière, qui tomba au sol. Thomas sortit un bâton taillé en pointe, puis le lança sur l'ennemi. Un des indigènes tomba à terre, raide mort. Brian se débrouillait comme un chef, et abattit le dernier indigène. Nous ouvrîmes la tente pour prendre la fiole bleue.
-«Mmh..., dit Brian, c'est un mélange fait à base de plantes, je pense que c'est la bonne fiole.» Pauline prit la fiole et en versa quelques gouttes sur sa blessure.
-«Aïe!» gémit-elle. La plaie commença à cicatriser et l'infection disparaissait peu à peu.
«Je me sens mieux... Mais ça picote un peu.» dit-elle en plaisantant.
-«En attendant, je meurs de faim, dit Thomas, et je suis sûr qu'ils ont des réserves.»
En effet, peu de temps après, nous nous trouvâmes face à une tente remplie de victuailles et de boissons. Nous nous précipitâmes dessus et décidâmes de faire des provisions pour le restant de nos jours sur l'île. Nous explorâmes le camp. Il était construit autour d'un feu grandiose, les tentes étaient la plupart fabriquées en peaux d'animaux, mais d'autres aussi en bâche, certainement ramassées sur le rivage. Soudain, nous entendîmes Brian nous appeler.
-«J'ai trouvé un bateau, semblable à notre hors-bord, mais il est en bon état.» dit-il. Nous décidâmes de partir le lendemain matin, à la première heure. Il était tard et nous prîmes le parti d'aller nous reposer pour ce voyage qui s'annonçait ardu.
Le lendemain, je fus réveillée par un soleil de plomb et une chaleur étouffante. J'étais la dernière à me réveiller, sans doute parce que j'eus du mal à m'endormir. Lorsque je me levai, je vis alors une chose horrible, que personne n'avait imaginée.
-«Le... Le bateau... C'est une blague, hein ?» dis-je en m'effondrant dans le sable. Des traces de roues convergeaient vers une montagne, dont le sommet était si haut que les nuages le cachaient comme du duvet.
-«Ils ne pouvaient pas être si peu nombreux. C'est logique. On nous espionne depuis notre arrivée sur l'île, dit Brian la mine dépitée, il va falloir construire un radeau.»
Nous ne pûmes refuser cette proposition et nous nous divisâmes en deux groupes. Thomas et moi pour chercher du bois et Pauline et Brian pour aller chercher de la liane, ce qui n'était pas une mince affaire. Nous trouvâmes tout de même ce dont nous avions besoin et nous construisîmes un radeau solide et grand. Nous décidâmes de partir sur le champ, trop impatients de continuer notre voyage. Brian nous fit tous monter à bord, puis d'un coup de pied, il poussa le radeau vers les flots tumultueux de l'océan. La pression atmosphérique changeait, et de gros nuages noirs envahissaient le ciel.
N'ayant rien avalé, nous décidâmes de manger, lorsqu'une bourrasque violente emporta nos vivres. Des gouttes d'eau commencèrent à tomber, puis un vent frais et violent souffla sur nous. Au loin, on pouvait voir des lames semblables à celles qui nous avaient fait échouer sur l'île précédemment. Je voulus nous en éloigner, mais nous étions trop loin du rivage pour y retourner. Nous ne pûmes rien faire. La vague, plus terrifiante que jamais, s'abattit sur nous.
N'ayant pas pris ma respiration, je manquai d'air rapidement. J’expirai mon dernier souffle, avant de tomber dans l'abîme obscur qu'est l'océan.
-«Léanne... Léanne!»fut la première chose que j'entendis à mon réveil. J’ouvris les yeux.
-« Où… Où suis-je ? » demandais-je.
-« Nous étions tous en train de nous noyer, quand nous sommes tombés sur un énorme rocher, Pauline et moi, sur lequel nous avons donné une impulsion du pied. Bien évidemment, Thomas t’avait déjà récupérée et remontée à la surface avant nous. Par chance, un ferry en panne passait par là, et nous avons grimpé à une échelle, fixée à bâbord. Et voilà comment nous avons étés sauvés. » Brian m’expliqua cette histoire si bien, que je crus qu’il me racontait un mauvais rêve.
Je me levai et vis alors un plateau garni de confitures de fruits, de beurre, de pain aux mille parfums, de jus de fruit colorés et rafraîchissants. Je ne pus m’empêcher d’en avaler plus de la moitié. Puis, Pauline me montra où se situaient les douches pour les femmes. Je me pris un bain plein de mousse et je me savonnai à m’en enlever la peau. En sortant de la salle de bain, j’aperçus des vêtements très simples pliés et posés sur une commode de bois laqué. J’enfilai le tout, puis je me chaussai avec des ballerines de toile brune, semblables à celles de Pauline.
Je sortis de la pièce attendue alors avec impatience par mes amis, qui me parlèrent de projets insensés pour l’avenir.
Longtemps après, nous nous souvenions encore de nos multiples aventures.
Pascale