J’étais cachée dans une barrique sombre où j’écoutais discrètement la conversation entre mon capitaine et un inconnu à la voix rauque. A chaque haussement de ton, des sueurs froides me parcouraient le dos. Les deux compères discutaient de l’accostage sur l’île à conquérir pour le roi de France. Mais ils étaient en désaccord sur un point, alors comme tout pirate qui se respecte, ils commencèrent à s’entretuer. J’en profitai pour m’éclipser hors du bureau du capitaine.
Notre navire accosta le lendemain sur une île au sable doré et aux mille parfums inconnus. J’aspirai au calme et je partis donc seule à la reconnaissance de cette île. Je marchai tranquillement à l’ombre de somptueux palmiers surchargés de fruits plus juteux les uns que les autres, lorsque j’aperçus une forme floue et étrange. Je m’approchai lentement de celle-ci qui était en fait une créature mi-crabe, mi-pieuvre qui me regardait comme son futur petit déjeuner. Je pris mon courage à deux mains et je lançai mon coutelas dans l’unique œil du monstre. J’étais une excellente lanceuse, je ne manquais jamais ma cible. La cerise sur le gâteau fut le liquide vert, répugnant et repoussant qui me coula dessus comme une cascade. Je courus en direction de la mer pour me débarrasser de ce liquide infect. Une fois nettoyée, je me mis en route pour le volcan.
Je marchai longtemps, très longtemps, puis, exténuée, je m’arrêtai au sommet pour profiter du magnifique paysage. Je remarquai qu’une silhouette immense se déplaçait dans les airs. Je levai les yeux vers le ciel pour apercevoir cette ombre. Je fus stupéfaite par le vol majestueux dont elle faisait preuve. L’ombre était en fait un griffon, il planait au dessus de moi en se redressant de toute sa splendeur. Je pus donc admirer l’époustouflante musculature de son corps de lion, la couleur de ses immenses plumes d’aigle réfléchissant les rayons du soleil et ses yeux dorés et perçants. Il était d’une beauté à couper le souffle excepté le fait qu’il commençait à fondre sur moi. Je m’écartai de justesse pour que le griffon, qui allait trop rapidement, ne puisse changer de trajectoire. Sa tête s’écrasa de plein fouet sur la roche du volcan. Abasourdi par le choc, le griffon ne voyait plus tout à fait clair. J’en profitai pour saisir un gros caillou au sol et le lancer de toutes mes forces sur le crâne du monstre. Le malheureux ne voyait plus clair du tout et tomba inconscient sur le sol. Je me dirigeai ensuite vers la forêt de l’île.
Je marchai tout en étant à l’affût du moindre bruit suspect. Je progressai lentement et sur la pointe des pieds. Tout était calme mais je me sentais épiée. Quand tout à coup je perçus un petit « clac ! » et une dizaine de cannibales sortirent des buissons toutes armes dehors. Ils me capturèrent, heureux et fiers d’avoir trouvé le dîner. «Décidément aujourd’hui on me sert à tous les repas !» me dis-je.
En arrivant au village des cannibales, j’eus le temps d’apercevoir les petites maisons faites de paille et de terre et les femmes couvertes de bijoux, en os d’humains sans doute! Puis on m’enferma dans une case sombre et humide.
Deux gardes vinrent me chercher pour le repas mais je réussis à les assommer avec le peu de forces qui me restait. Je m’enfuis ensuite vers mon bateau que j’avais hâte de retrouver.
Arrivée à bord, je m’installai confortablement dans mon hamac et m’endormis sans peine.
Lisa.