Les paupières encore lourdes, la bouche entrouverte, ses poumons finirent par se vider de l'eau salée qui l'empêchait de respirer, la jeune femme ouvrit doucement les yeux en se relevant sur ses deux pieds, sa vision était encore floue mais elle secoua à plusieurs reprises la tête pour retrouver une vue convenable. En regardant autour d'elle, seule une vaste étendue d'eau et un sable aussi fin que blanc l'entourait, Inha fronça grandement les sourcils, après plusieurs minutes passées au sol, elle pouvait apercevoir de la verdure, une forêt au premier abord selon elle.
L'inconsciente, ne se doutant guère du danger qui la menaçait, regarda autour d'elle à la recherche d'un objet qui pourrait l'aider à se défendre, si un malheur lui tombait dessus. Elle pénétra donc doucement dans la forêt en enjambant de hautes herbes vertes, en relevant la tête un paysage merveilleux se reflétait dans l'iris de ses yeux, le soleil à l'horizon couchant sur la plaine, brillait sur des arbres aussi hauts que des sommets de montagnes, qu'ils semblaient partager les nuages en deux. Juste en dessous, des plantes exotiques déployaient leurs ailes, une race d'oiseau, encore inconnue à ses yeux volaient les uns derrière les autres, les animaux qui l'entouraient se mirent à chanter. Elle avança de nouveau en silence réajustant son chapeau par la même occasion , émerveillée par ce qu'elle venait de voir. En suivant un chemin qui se présentait à elle, la vagabonde tomba nez à nez sur un petit court d'eau qui jaillissait d'une cascade. Sans plus tarder elle s'y pencha pour admirer son image dans l'eau, une longue masse de cheveux noirs, noirs comme le ciel d'un soir de pleine lune, recouvrait son visage. Ses sourcils étaient épais, bien dessinés et de la même couleur que ses cheveux, juste en dessous, ses yeux verts, en amande faisait paraître son regard, doux et en même temps perçant. Un air d'incompréhension pouvait s'y lire, sûrement le fait de ne pas savoir pourquoi ni comment elle avait atterri ici.
Elle cligna des yeux et son regard se posa automatiquement sur son nez qui avait une forme parfaitement adéquate à la forme de sa mâchoire carrée, en revenant sur la mâchoire, sa bouche était pulpeuse et naturellement nappée d'un rose rouge qui donnait de la gaieté à son teint laiteux. Quant à sa tenue, elle était fidèle à elle même, un haut blanc recouvert de bas-fond et d'un futal noir.
L'ambitieuse soupira longuement avant de continuer son chemin. Durant celui-ci, la jeune femme tenta tant bien que mal de se souvenir de quelque chose, Inha savait bien que son arrivée sur cette île n'était pas un hasard et que si elle devait entreprendre quelque chose, elle le ferait. Elle fut sortie de ses pensées quand elle heurta une grande roche imposante, ses pieds se mêlèrent d'une manière si rapide qu'elle n'eût pas le temps de se rattraper. Son corps valsa avant de percuter, aussi sèchement que violemment le gros galet.
Sa mémoire faisait enfin surface durant un millième de seconde, à cet instant tout se mélangeait dans sa tête, le naufrage de son bateau premièrement. Les images défilaient si rapidement... Le bateau dansait sur les flots déchaînés, et celui-ci ne tarda pas à se diviser en plusieurs fragments, faisant couler les membres de l'équipage.
Avant de se réveiller en sursaut, la représentation d'une ancienne carte peinte sur du papyrus prit place dans son esprit. L'aventurière était allongée, sur un lit de fortune : quelques planches de bois, recouvertes de feuilles déshydratées. Elle n'était plus à l'endroit de sa chute, la jeune femme se retrouvait à présent encore plus dépaysée qu'à son arrivée. Mais après réflexion, aucun animal, selon elle, ne pouvait créer un tel habitat. Des lampes à énergie solaire étaient disposées à tous les coins de la cabane en bois, un seau d'eau était placé au milieu de la pièce, pour récolter l'eau de pluie.
En entendant des bruits de pas Inha se raidit en ramenant ses jambes à sa poitrine. Un homme, à l'allure élancée fit son apparition, les yeux d'un marron aussi clair qu'un tronc d'arbre, comme ceux qu'on pouvait trouver dans ces lieux. Ses yeux étaient ronds, comme son visage, quelques imperfections ornaient sa figure.
Le jeune homme n'avait que pour vêtements un haut troué, et un bas à moitié inexistant. Par réflexe Inha recula d'un coup, sous le regard amusé du jeune homme, aucun signe d'agressivité ne se montrait dans son regard. Elle soupira de soulagement avant d'attendre des explications.Le jeune homme lui relança un regard amusé avant de lui tendre doucement une sacoche. D'abord surprise, elle ouvrit grandement les yeux, tout en ouvrant doucement le sac, était-ce son imagination qui lui jouait des tours ? La carte, celle de son rêve était pliée en deux entreposée au fond, elle devait mener à un endroit, à quelque chose. Après tout c'était ça, le rôle d'une carte au trésor. Elle remercia d'un signe de tête, le jeune homme qui lui paraissait tout de même attirant, un air de déjà vue. Elle se remit sur pieds rapidement avant de sortir adressant un dernier regard amical, à son sauveur. Le parchemin entre les mains, son regard ne cessait de le fixer, suivant les chemins indiqués par celui-ci. En silence et les yeux à présent emplis de joie et de bonheur ; elle allait enfin découvrir pourquoi elle avait atterri ici.
Après plusieurs minutes passées à chercher le bon chemin, la jeune femme s'arrêta. Elle était enfin arrivée ; un grand coffre en or, imposant, l'attendait là. L'impatiente inspira grandement avant de l'ouvrir. De la lumière blanche et pure s'en dégageait, cela ne l'inquiétait guère. Elle trouvait cette lumière si attirante et même intrigante. Sa main caressa la lueur semblable à du velours, l'aurore ne faisait que s'agrandir attirant la jeune femme dans ses profondeurs. Comme à son arrivée, ses pupilles se dilatèrent, rendant sa vision des plus confuses, son esprit fit le vide, c'était le blanc total.
Des bips incessants résonnaient dans ses tympans, la jeune femme se réveilla en un sursaut. La tête sur un oreiller confortable, le corps encore engourdi, elle était dans une salle blanche. . Ce n'était pas un blanc, tel que la lumière, mais un blanc, à l'odeur renfermée des machines qui l'entouraient de parts et d'autres. Un second bruit résonna dans ses oreilles. La porte venait de s'ouvrir. À sa plus grande surprise c'était l'homme, qui l'avait sauvée. . Il n'avait rien d'un sauvage, il était habillé d'une manière très raffinée, accompagné d'une femme de chambre. Inha en conclut qu'elle était dans un hôpital, mais comment était-elle arrivée ici ? L'explication était pourtant claire : elle avait passé plusieurs années de sa vie dans le coma.
Retrouvant son mari et sa vie d'avant, Inha se souvint encore longtemps de ses multiples aventures, et de sa chance immense d'avoir simplement frôlé la mort.
Safae