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Le Scorpion géant.


     Paul était seul dans le désert. Il faisait 48,5°C à dix heures, en plein soleil. Paul n’avait pas essayé de dormir, le sol était trop chaud. Il n’aurait jamais imaginé le Sahara aussi vaste. Notre héros marchait depuis plus de quinze heures. Il avait faim et soif. Paul n’aurait pas dû venir ici. Sa voiture était tombée en panne. Il était désespéré et pensait à sa famille, ses amis.
Paul était venu ici pour étudier un scorpion géant de quatre-vingt centimètres de haut et de cent trente centimètres de long. Ce scorpion pouvait surgir à n’importe quel moment pour le tuer, mais Paul n’avait pas peur, il n’avait plus rien à perdre, pensait-il. L’homme crut voir des palmiers, mais ce n’était que son imagination.
    Environ une demi-heure plus tard, il entendit des coups de feu. Paul préféra faire un petit détour pour ne pas s’approcher des tirs. Un bruit se fit entendre. Le bruit se rapprochait. Une chose se dirigea vers lui. C’était le scorpion ! Non, non Paul ne devait pas mourir. Il tenta de s’échapper. L’homme croyait ne pas avoir peur de la mort mais maintenant il avait peur, très peur. Le scorpion le rattrapait. Paul, épuisé par la chaleur et par la course, s’évanouit. Il était fichu.
    Notre héros se réveilla. Suis-je au paradis ? se demanda-t-il. Il ouvrit les yeux. Non, Paul n’était pas au paradis. Il était toujours dans le désert. L’homme était sur quelque chose de dur, très dur, ce n’était pas du sable. Paul regarda autour de lui : il était sur le dos du scorpion géant. Il tenta d’hurler mais n’avait plus de voix. L’arachnide n’avait pas l’air d’avoir remarqué que Paul était réveillé. Il fit semblant d’être encore endormi. La chaleur était de plus en plus étouffante.
    Un gros bourdonnement se fit entendre. Paul observa le désert. Une masse de nuages se formait à quelques kilomètres derrière lui : une tempête de sable !  Elle s’approchait à toute vitesse. La tempête serait sûrement là dans moins d’une minute ! Paul descendit du dos du scorpion. L’arachnide se plaça sur les flancs de façon à protéger notre héros. L’homme se coucha derrière le scorpion. Le ciel s’assombrit. De gros nuages suivaient la tempête de sable. L’animal était calme, il avait déjà affronté ce genre de situation, mais jamais avec un humain. La tempête n’était plus qu’à quelques mètres. Paul ferma les yeux. Il ne sentit presque rien mais fut assourdi par le bruit pendant quelques minutes. Il se leva puis ouvrit les yeux : les nuages grondaient : la pluie allait se déclarer et il y aurait de l’orage. Lorsqu’il plut, Paul ressentit une sensation de bien-être, il était heureux, l’homme n’avait jamais était aussi heureux été aussi heureux. Il ouvrit la bouche et but à n’en plus finir. Des éclairs éclatèrent à seulement quelques centaines de mètres. Paul se mit à quatre pattes. Il avança au ras du sol pour éviter d’être toucher par les éclairs. Paul n’avait plus soif mais avait encore faim. Le ciel était noir, d’un noir très foncé.  Autour de notre héros et de l’arachnide, il n’y avait que du sable à perte de vue.
    Non seulement l’homme avait faim mais il avait besoin de communication. On ne peut vivre sans communication (l’expérience à déjà été réalisée il y a plusieurs siècles). Pour la communication, Paul se contentait de parler au scorpion. Il lui parlait de sa jeunesse, de sa famille, de son travail, de ses problèmes… Bien évidemment, l’arachnide ne lui répondait pas, mais cela faisait du bien à Paul de parler.
    Il plut toute la nuit. Le lendemain à l’aube, plus un seul nuage ne cachait le ciel. La chaleur se faisait sentir. Les jours se ressemblaient : la marche, la faim la solitude et surtout, la chaleur. Paul s’évanouit : il avait trop faim, était épuisé et ne pouvait plus marcher.
    L’homme s’éveilla. Il y avait autour de lui, de la viande, beaucoup de viande. Il mangea. Notre héros mangea tellement qu’il prit trois kilogrammes en un repas. Paul n’avait plus faim. Il mit le reste de viande sur la carapace du scorpion : la chaleur du corps et de la carapace du scorpion avaient fait cuire la viande.
    Notre héros ne savait pas où il allait, mais il devait survivre. Aujourd’hui il parla de ses amis et de ses voyages au scorpion. Paul était allé en Espagne, en Australie, en Russie et en Italie. En Russie, il faisait beaucoup plus froid qu’ici. En Australie, les paysages étaient magnifiques. En Espagne, les églises étaient magnifiques, et en Italie, les plats étaient délicieux.
    Le scorpion avait l’air de beaucoup s’intéresser à ce lui disait Paul et l’homme était sûr que si le scorpion avait pu lui parler, il l’aurait fait.
Quelques kilomètres plus loin, ils virent un chameau dont le maître avait dû mourir plus loin. Paul aurait voulu utiliser le chameau pour voyager plus vite, mais ce dernier, apeuré par le scorpion, partit à toute vitesse en faisant tomber les provisions qu’il portait. Le scorpion alla récupérer les provisions pendant que l’homme poursuivait le chameau. Le chameau allait trop vite, c’était fichu. Paul remarqua que la viande que lui avait donné le scorpion ressemblait au chameau. C’était sûrement de la viande de chameau.
    Peu importe, notre héros était en vie et c’était l’essentiel. Il retourna  avec le scorpion. Les provisions étaient variées : viandes, épices et boisons. Le maître du chameau devait être riche pour avoir autant de provisions.
    Paul mangea et but à volonté, le scorpion ne prit que de la nourriture, il n’avait pas soif.
    Ils continuèrent à marcher puis découvrirent une carcasse de chameau avec des morceaux de chairs manquant. Cela devait être la viande que Paul avait mangée après s’être évanouit.
    Ils poursuivirent leur chemin. La température devenait insupportable. Loin devant eux, ils aperçurent des palmiers, des centaines de palmiers. Ils étaient sauvés. Paul courut le plus vite qu’il put. On découvrait un petit étang à l’ombre des palmiers. Il y avait aussi une petite maison et des légumes plantés dans des pots pleins de terre. Le scorpion avait rejoint Paul. Ils s’avancèrent vers la maison. L’homme frappa à la porte. Il entendit des pas. La porte s’ouvrit. Paul découvrit un vieil homme et lui annonça du mieux qu’il put qu’il était français.
     « Bonjour, dit le vieillard, ne vous étonnez pas que je parle français ; je parle une dizaine de langues. Vous devez être affamé, jeune homme, je vais aller vous chercher de quoi vous remplir la panse. »
    Avant même que Paul n’ait le temps de répondre qu’il avait de quoi se nourrir, le vieil homme avait disparu. Le scorpion sortit de sa cachette. Le jeune homme n’avait même pas remarqué son absence. Il regarda l’oasis. Les palmiers étaient si nombreux qu’on aurait passé des heures à tous les compter. Il y avait six puits. Dans l’oasis, aucun rayon de soleil ne perçait le feuillage des arbres, la température était bien mois élevée. Il faisait environ 36,5°C, une température correcte.
    « Au secours, hurla le vieil homme, un scorpion géant !
-Ne vous affolez pas, il est avec moi et  ne vous fera pas de mal, il n’est pas agressif ! dit Paul au vieillard. »
    Notre héros attrapa le scorpion et montra au vieil homme que l’arachnide ne représentait pas un danger. Il aida ensuite le vieillard à ramasser la nourriture.
    « Où avez-vous trouvé cet animal ?
-Dans le désert, il m’a sauvé la vie. »
    Le scorpion fit comprendre à Paul qu’il commençait à fatiguer : porter huit kilogrammes de viande de chameau sur le dos pendant plus de six heures, c’était fatiguant.
    Notre héros donna la viande au vieillard. Le vieil homme donna de l’eau à Paul qui en but plus d’un litre.
    Ils entrèrent dans la maison. Une vague de fraîcheur s’empara d’eux. La maison était magnifique. Les étagères étaient pleines de vases aux couleurs diverses. Cet homme avait dû voyager beaucoup pour parler autant de langues et avoir des vases d’autant de pays différents. Tous ces vases étaient remplis d’eau et de nourriture. Il y avait de quoi survivre pendant plusieurs années pour toute une famille ! Le jeune homme était impressionné par les réserves de vivres.
    « Au fait, comment vous nommez-vous monsieur ? demanda Paul.
-Je n’ai pas de prénom ni de nom, annonça le vieil homme, tu peux m’appeler comme tu le souhaites. Et toi, quel est ton nom, jeune aventurier ? questionna le vieil homme.
 -Je me nomme Paul, et par politesse, je ne vous donnerai pas de nom, je vous appellerai « Monsieur ».
-Bienvenue à toi, Paul, à partir de maintenant, je m’appellerai « Monsieur » !
-Merci, Monsieur, lui répondit Paul. »
Ils se dirigèrent vers le fond de la pièce et empruntèrent des escaliers pour monter à l’étage. La maison semblait plus grande de l’intérieur.
Le scorpion gravit sans mal les marches. L’étage était encore plus beau que le rez-de-chaussée. Il y avait une belle vue sur l’oasis. Le désert était magnifique, de haut. Les dunes ondulaient sur un espace immense. L’oasis était comme une île déserte dans l’océan.
     Il était tard et le soleil se couchait. Paul demanda à Monsieur où il dormirait et Monsieur lui montra une chambre à l’étage. Le scorpion fit comprendre aux deux hommes qu’il préférait dormir dans le sable. Ils n’insistèrent pas. Notre héros allait enfin pouvoir dormir pour la première fois depuis le début de son excursion dans le désert. Il allait enfin se reposer. Paul se jeta de tout son long sur le lit. Il était extenué et une fois sur le matelas, il s’endormit.
    Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque Paul se réveilla. Il avait dormi pendant plus de seize heures. Il descendit.
    « Bonjour, Paul, comment vas-tu ? demanda Monsieur.
-Je vais très bien, et vous ?
-Très bien aussi, je te remercie.
-Monsieur, cette nuit j’ai pris une décision très importante.
-Quelle décision ?
- Je vais rester dans cette oasis avec vous et le scorpion.
-Eh bien, si tu veux Paul, si tu veux.
-Merci Monsieur, je vous adore, vous, le scorpion et votre oasis. Vous m’avez sauvé la vie. De toute façon je n’aurais pas eu la force d’affronter ce désert brûlant et impitoyable une deuxième fois.
- Je te comprends Paul ; suis-moi. »
    Paul suivit Monsieur derrière la maison. Une tombe était visible.
« Cet homme m’a accueilli dans cette oasis. Elle lui appartenait et à sa mort, il me l’a léguée. A l’époque, l’oasis était dix fois plus grande et elle abritait des dizaines de chameaux. J’ai subi les mêmes choses que toi, mais seul. Moi aussi j’étais à la recherche du scorpion géant mais je ne l’ai pas trouvé, confia Monsieur à Paul.
-Moi non plus je ne l’ai pas trouvé, c’est lui qui m’a trouvé. »
Le scorpion s’agita.
« -Peu importe, va remplir ces seaux avec de l’eau, plusieurs palmiers ne vont pas tarder à brûler à cause de la chaleur. »
    Notre héros s’empara de deux des récipients et fonça vers un puits. Le vieil homme n’avait pas tort, un palmier s’enflamma. Paul se dirigea vers les flammes et vida les seaux sur le feu. Il fit plusieurs allers-retours avant d’éteindre entièrement le feu dévastateur.
    « Ce genre de chose arrive environ une fois par semaine, mais au bout d’une dizaine de fois on sent quand le feu va prendre, lui expliqua Monsieur.
- D’accord, de toutes façons je vais moi aussi m’y habituer puisque je vais rester ici avec toi.
-Tant mieux, nous serons deux pour défendre cette oasis.
- Oui, et je ferai de mon mieux pour vous aider.
- Tu es très gentil Paul, il existe peu de personnes aussi sages que toi.
- Je te remercie, Monsieur. »
     Paul expliqua au scorpion de façon claire qu’il allait rester dans l’oasis. Le scorpion lui fit comprendre qu’il ferait de même. Ils s’habituèrent très vite à la vie dans le désert.
    Un jour, lors d’un incendie, Monsieur mourut. Paul l’enterra derrière la petite maison et le pleura plusieurs semaines. Sans Monsieur la vie était triste.
    Seulement, trois mois plus tard, le scorpion lui ramena un voyageur désespéré qui fut accueilli par Paul et décida lui aussi de rester dans l’oasis…

                          Timothé.