Entre deux...

Entre deux …

Cette histoire est vraie mais vous n’allez sans doute pas me croire. Si je vous la raconte, c’est seulement pour vous faire plaisir, car ça ne fait que me rappeler de mauvais souvenirs.

         J’étais fatigué, je tâtais le sol pour trouver un endroit où dormir. J’adorais la planche à voile, d’ailleurs c’était comme ça que j’étais arrivé dans cette île dont j’avais toujours ignoré l’existence. En fait, je n’avais pas décidé de venir ici, ma planche avait chaviré suite à une tempête.

          Cet endroit était obscur et il y avait des bruits inquiétants. Au bout de quelques minutes, je trouvai enfin un endroit où dormir ; j’étalai ma veste mouillée par les gouttes d’eau qui venaient s’éclater contre la paroi rocheuse de l’ile. Quelques heures plus tard, malgré l’inquiétude de cet endroit certainement dangereux, la fatigue me gagna et je m’endormis.

           Le lendemain, j’eus un moment de frayeur en me réveillant dans cet endroit inconnu et inquiétant. Je me levai petit à petit, douloureusement, je me souvins comment et pourquoi j’étais arrivé dans cette épouvantable île sans fleur ni couleur. Une fois debout, j’entendis soudain un craquement, puis un deuxième et un bruit de pas, même plusieurs ; j’avais peur, j’aurais voulu me sauver, partir en courant ou même crier, mais je restai figé sur place sans pouvoir bouger ne serait-ce qu’un orteil. Et puis, d’un coup, un million de petites bêtes vertes envahirent le sol, on ne pouvait même plus voir un grain de sable sur la plage. D’un coup, comme un déclic, je me suis mis à courir. J’avais réussi à traverser la plage malgré la masse verte qui l’avait remplie. Je continuai ma course, pensant pouvoir semer mes nouveaux ennemis. Je venais de me rendre compte que je n’avais jamais couru aussi vite de ma vie. Devant moi se présentaient deux chemins, paniqué, je pris le chemin de droite. Tout à coup, je m’arrêtai, j’étais ébloui par le bouquet de couleurs qui venait d’apparaitre devant moi. Je me retournai et, plus rien. Les petits animaux verts avaient disparu. C’était magnifique, je n’avais jamais vu quelque chose d’aussi beau. Ce nid de fleurs et de feuilles était splendide, avec tous ses éclats de couleurs… Il y avait de tout, du jaune au rouge, du bleu au vert, et, quand on levait la tête, une petite cabane adorable en bois était perchée sur le haut du seul arbre de ce petit paradis et pour finir je vis une minuscule mare. J’entendis des bruits de pas derrière moi. J’eus peur, mon cœur se mit à battre et soudainement me retournai, en fermant les yeux. En les ouvrants, je vis un jeune garçon de mon âge, tout souriant. Je me décrispai.

         Le garçon me salua, je lui répondis en essayant de sourire. Après quelques présentations je lui demandai enfin si cet endroit lui appartenait.

« En quelques sorte», répondit le jeune garçon qui se prénommait Pam.

« En effet, c’est bien moi qui ai construit cette cabane et creusé pour la mare », continua-t-il.

         Pam m’avoua qu’il était très adroit de ses mains et qu’il était orphelin. Il m’expliqua aussi que les petits animaux verts qui m’avaient poursuivi n’étaient que de gentilles bêtes que Pam avait trouvées dans ce nid. Nous nous rendîmes compte que nous étions dans la même situation. Il m’aida à m’installer dans sa cabane. On arrivait à s’entraider pour survivre sans souffrir. Tout se passait plutôt bien et nos journées se déroulaient au rythme du soleil, seulement voila, une question nous bousculait l’esprit : comment pourrait-on partir de cette île ?

          En descendant de notre cabane, comme tous les matins, nous ne vîmes plus toutes nos fleurs, à la place nous découvrîmes des plantes vertes, Pam m’expliqua qu’elles étaient gentilles, mais carnivores. Je les reconnus, c’étaient celles qui m’avaient terrorisé après mon arrivée sur l’île. Pam commença à descendre de l’échelle, mais le comportement des plantes carnivores le surprit : à la place de l’accueillir, elles grognèrent. Inquiété, il remonta sur l’échelle. Il inclina ses sourcils vers l’extérieur, et les petites bêtes vertes s’écartèrent pour le laisser passer. Il s’avança dans la foule verdâtre, moi je passai, mais derrière lui. Quand il sortit enfin du nid, les plantes se refermèrent sur moi. Je pris peur et paniquai, une des bêtes me griffa à la cheville et m’arracha un bout de mon pantalon. Les autres plantes l’imitèrent, j’étais dans un piteux état : mon pantalon qui m’arrivait habituellement aux chevilles, ne montait plus qu’en haut de mes genoux. Pam paniquait de me voir en si fâcheuse posture et cria, les bêtes vertes le regardèrent, et je pus m’échapper. Nous courûmes autant que nous le pûmes. Une fois arrivés sur la plage, nous nous rendîmes compte que nous étions coincés entre les bêtes et la mer, nous avions choisi la mer car c’était la peur bleue de ces créatures. Nous nagions dans la mer glacée, ma plaie à la cheville me tiraillait. L’eau était salée, et je me retenais de crier; Pam nageait largement devant moi, il ne voyait donc pas les grimaces qui envahissaient mon visage. D’un coup je craquai, je poussai un gros cri ; Pam se retourna et m’aida à nager jusqu'à l’énorme rocher que l’on avait repéré. Une fois arrivé, il enleva des cailloux et me transporta à l’endroit qu’il avait balayé, puis, il partit chercher des feuilles pour enrouler ma cheville.

         Nous avons dormi une nuit sur le rocher ; le matin c’est moi qui réveillai Pam, pour le prévenir que j’avais réussi à faire du feu et que ça avait attiré l’attention d’un navire, puis qu’il était en train de venir nous chercher. Nous avons réussi à rentrer chez moi (car je ne sais pas si vous vous souvenez mais Pam est orphelin).

         A la maison je racontai les multiples aventures que nous avions vécues tous les deux ; Pam était timide devant mes parents, plus maintenant, car mes parents étaient aussi ses parents...

 

                                         Sophie.