William se réveilla après plusieurs heures d'inconscience. Il était allongé sur du sable doré à côté d'un immense palmier dont les feuilles pendaient lamentablement. Il se rappela que son bateau qui allait en Amérique avait fait naufrage. Il voulut se lever mais sa tête et sa jambe le faisaient souffrir atrocement. Il l'examina et vit qu'une plaie la parcourait de la cuisse au genou mais qu'elle s'était cicatrisée. Il se redressa péniblement, tout en tenant sa tête et s'assit sur un rocher qui était à proximité de lui. Il passa sa main dans ses longs cheveux bruns qui bouclaient aux extrémités. Il avait les yeux azurs, qui attiraient souvent l'attention des femmes, la peau hâlée et musclée, et ses habits pendaient en lambeaux. En entendant des cris terrifiants au dessus de lui, il leva la tête et vit des grands oiseaux mauves, jaunes et verts au long bec. Il frémit et se tassa sur lui-même afin qu'ils ne le remarquent pas. Soudain le sommeil s'empara de lui et il replongea dans les ténèbres.
Le lendemain matin, William sursauta et se réveilla brusquement. Un cri avait retentit dans la jungle. Il se leva et courut en direction de la jungle car étrangement sa jambe ne le faisait plus mal. A l'orée de la jungle, il prit un bâton qui était par terre afin de s'en servir comme support et arme. La jungle était dense et terrifiante. L'air était humide et tellement lourd que cela en devenait inquiétant et presque insupportable. Le corps parcouru de frissons, il avança dans la jungle et se mit à écarter les feuilles sur son passage.
Soudain, il fit un bond de plusieurs mètres, il avait vu un animal à la fourrure zébrée de jaune et de bleu dont le corps était en putréfaction. Sa chair avait à moitié disparu, révélant un squelette verdâtre où des vers commençaient à sortir. Le cœur soulevé par la puanteur des lieux, il contourna le cadavre et se mit à marcher d'un pas vif et rapide afin de mettre le plus de distance entre lui et l'animal mort. William se mit à sentir des vertiges et il s'appuya contre un arbre pour mieux se stabiliser. Voilà deux jours qu'il n'avait pas mangé et la faim commençait à lui tenailler le ventre. Tout à coup, un étrange fruit tomba à côté de lui, il leva la tête et aperçut un singe orangé qui dégustait un étrange fruit rouge tacheté de tâches noires dont l'arbre semblait en être couvert. Il voulut monter sur l'arbre mais il s'interrompit car le singe se mit à zigzaguer, dégringola de l'arbre et ne bougea plus. William en conclut que le fruit devait être vénéneux et qu'il devait refréner sa faim.
Soudain, il entendit un bruit terrifiant au dessus de lui qui lui glaça le sang tant il était monstrueux. Il leva la tête, et aperçut un gros animal dont la tête était semblable à celle d'un crapaud et dont le corps ressemblait à ceux des dinosaures qu'on apercevait dans les films ou dans les livres. Son corps était recouvert d'énormes pustules hideuses et possédait des ailes similaires à celles des anciens dragons qu'on voyait dans les anciens grimoires. L'étrange bestiole aperçut soudain William et elle devait posséder une vue extraordinaire car elle obliqua dans sa direction sûrement dans le but de le pourchasser et d'en faire son prochain repas. Le pauvre naufragé dont les malheurs ne cessaient de s'abattre sur lui depuis le début, abandonna son bâton, se retourna et se mit à courir à la plus grande vitesse dont il était capable. Mais il se figea sur place, il ne reconnut plus l'endroit d'où il était arrivé. Le chemin qu'il avait formé n'était plus là, des arbres semblaient avoir poussé et s'étendaient sur une longue distance qui semblait interminable. A court d'idées, l'insulaire se baissa et se cacha derrière un buisson tropical de couleur orangée et se plaça sous ses longues feuilles qui pouvaient le recouvrir. Tout en maudissant le capitaine du bateau, il observa l'oiseau qu'il décida de nommer « le Dracrasaure » et jeta une pierre à quelques mètres de lui pour éloigner l'oiseau. Le Dracrasaure se dirigea en direction du bruit et, déçu qu'il n'y ait personne, s'éleva et disparut dans le ciel à la recherche d'une autre proie. Épuisé par ses aventures, il s'affala contre un mur et ferma les yeux pour se reposer.
Quelques heures plus tard, il se réveilla et fixa la jungle autour de lui. La nuit était tombée et un brouillard glissa vers William. Il se rapprochait de plus en plus vite, en allongeant des filaments qui s'enroulaient sur eux-même et sur toute la végétation autour d'eux. William se dit que ce brouillard avait quelque chose de bizarre, sa progression était étrange et sa couleur un peu trop laiteuse. Il sentit ses poils se dresser sur sa nuque quand il sentit une odeur douceâtre lui parvenir aux narines. Il se leva, mu par un instinct, mais il était trop tard, les filaments commençaient à s'enrouler autour de ses pieds le couvrant de cloques tandis qu'il poussait un cri atroce, transpercé par la douleur intense qu'il ressentait. William se mit à courir à travers la jungle tandis que de minuscules cloques brûlantes se formaient sur ses bras et que le brouillard s'étendait en ligne droite à une vitesse impressionnante. A travers le fouillis de lianes et de racines, il ne vit pas le fossé qui s'ouvrait devant lui et tomba dedans en poussant un cri, persuadé qu'il allait mourir en ne voyant pas la fin de cette tranchée. Soudain, il atterrit dans une substance liquide et légèrement visqueuse. William leva sa tête et ne vit que le ciel parsemé d'étoiles au dessus de lui : aucune trace du brouillard, ni des bords du fossé qu'il avait traversé. Il se dit que le naufrage l'avait sûrement rendu fou et qu'il était en train de rêver ou bien qu'il était mort et qu'il devait surmonter des épreuves avent de pouvoir aller au Paradis. Soudain, les mains de William se mirent à brûler mais cette douleur fut vite remplacée par un immense soulagement. Une substance opaline se mit à sortir de ses cloques et à se dissipa dans l'eau du marais. Tout en laissant ses blessures se désintoxiquer de l'étrange substance du brouillard, William se mit à boire goulûment l'eau du marée même si elle devait être constituée de composants douteux. Une fois sa soif étanchée, il redressa sa tête et vit que des remous se formaient à la surface du marais. Il recula prudemment, et un tête surgit de l'eau suivit de son corps. La bête était couverte d'écailles rouges qui luisaient faiblement dans le pénombre, elle avait de longues oreilles qui pendaient et des crocs qu'elle montrait tout en se léchant les babines. William eut si peur que ses membres furent paralysés. La créature se leva, et déploya ses grandes ailes et s'avança vers William qui était près de s'évanouir d'un instant à l'autre. Mais contre toute attente, la créature renifla l'air et tata la poche du pantalon de William pour en sortir un vieux biscuit rassis que William n'avait pas remarqué jusqu'à là. La bête ouvrit la bouche et avala le gâteau d'une simple bouchée. Le courageux aventurier, rassuré, posa prudemment sa main sur le museau de la bête et dit : « Un dragon. Tu es une bête magnifique ! »
Il se leva et caressa la tête du dragon qui ronronna de satisfaction et étira ses babines dans une tentative de sourire.
Le dragon invita William à monter sur lui en le poussa doucement. William accepta et grimpa sur lui le cœur léger. Le dragon s'éleva dans le ciel et il survola l'île et la mer.
William admira les paysages, les hauts arbres qui cachaient la vie tumultueuse qui se déroulait dans la jungle, la mer scintillante dans laquelle nageait des poissons et des dauphins. Au bout d'un moment, William sentit ses paupières s'alourdir et s'endormir en posant sa tête sur le corps du dragon.
Après de longues minutes, le dragon repéra une île et se posa dessus. Avec délicatesse, il posa William qui était toujours endormi sur le sable. Il s'éloigna et se dirigea vers un bosquets de palmiers solitaire et cracha du feu dessus. Pendant que le feu crépitait sur les arbres, le dragon s'envola dans les airs avant d'adresser un dernier adieu à William qui était désormais en sécurité.
William se retourna sur lui-même, une curieuse sensation de chaleur l'envahissant. Il ouvrit les yeux et vit qu'il était enveloppé dans des couvertures blanches dans une chambre accueillante qui tanguait doucement. William se leva et sortit de la pièce pour aller dans un long couloir où il n'y avait pas âme qui vive. Il monta un escalier qui se trouvait à sa gauche et rencontra un vieil homme à la barbe miteuse et blanche et qui fumait une pipe, son perroquet sur son épaule.
« Où suis-je ? demanda William.
- Vous êtes à bord de « L'Intrépide » le navire le plus rapide de tous les temps.
- Ah bon ? Je croyais que c'était une légende.
- Les légendes proviennent de faits réels. Tu es bien William Ferrin ?
- Oui, commet savez-vous comment je m'appelle ?
- Votre père est le capitaine de ce bateau, c'est Jack Ferrin.
- Mon père demanda William ébahi. Mais il avait disparu en mer voilà six ans.
- Oh non, répondit le vieil homme en riant d'une voix enrouée. Il vogue sur les mers, maintenant.
- Allons le voir, le pressa William.
- Il est dans une cabine qui est à ta droite. Et au fait, je m'appelle John Bongos »
William, le cœur battant entra dans la cabine et découvrit un homme âgé d'une quarantaine d'années qui lui souriait en lui tendant les bras. William se précipita vers lui et enfoui son nez dans son cou, respirant l'odeur de cannelle qui lui était si familière en lui disant :
« Je t'aime papa. Tu m'as manqué.
- Moi aussi, je t'aime. Maintenant, plus rien ne nous séparera. Viens, on a beaucoup de choses à se raconter. Tu savais qu'on t'a retrouvé sur une île à moitié enflammée. Tu as eu beaucoup de chance. »
Yunès.